Créer un espace de travail agréable ne se limite pas à l’esthétique ou à l’ergonomie : l’acoustique conditionne directement le bien-être, la concentration et, in fine, la performance des équipes.
Un open space trop bruyant, une salle de réunion qui résonne ou une cantine assourdissante transforment vite les échanges quotidiens en sources de fatigue et d’inefficacité.
Chez JD Concept Aménagement, nous concevons et rénovons des espaces professionnels en intégrant l’acoustique dès l’amont du projet, parce qu’elle n’est pas un “plus” : c’est un prérequis pour travailler sereinement.
Dans ce guide, nous faisons le point sur les références applicables en France : ce que dit la réglementation, les normes NF et ISO à connaître, les niveaux sonores conseillés pour chaque type d’espace (open space, bureaux fermés, salles de réunion, zones de pause, cantine, circulations), et les bonnes pratiques qui permettent d’obtenir des résultats concrets et mesurables.
Récap — Normes acoustiques bureaux (France)
L’essentiel avant de lancer vos travaux : réglementation, normes NF/ISO, niveaux cibles par espace et leviers d’action.
1) Cadre légal & responsabilités
- ●
Code du travail : actions dès 80 dB(A) (8 h) ; protections & réduction du bruit au-delà de 85 dB(A) (directive 2003/10/CE).
- ●
Arrêté du 30/08/1990 : correction acoustique obligatoire si risque > 85 dB(A) en locaux de travail.
- ●
Pas de “seuil de confort” légal en bureau tertiaire : on s’appuie sur des normes volontaires pour viser le confort.
Notre rôle : transformer ces obligations en objectifs mesurables (TR, Dn,T,A, bruit de fond HVAC) adaptés à vos usages.
2) Normes de référence (qualité & mesures)
- ✓NF S31-080 — bureaux & espaces associés ; niveaux Courant / Performant / Très performant.
- ✓NF S31-199 — open spaces : isolement poste-à-poste, TR selon volume, cloisonnettes.
- ✓ISO 3382-2/3 — mesures TR et paramètres spécifiques open space (intelligibilité, atténuation spatiale).
- ✓ISO 22955 — qualité acoustique en open space (TR ≤ 0,5 s ; TR 125 Hz ≤ 0,8 s ; DA,S).
Labels HQE / WELL : critères acoustiques fondés sur ces normes.
3) Niveaux recommandés par typologie
Espace | Niveau cible | Lecture |
---|---|---|
Bureau individuel | 35–45 dB(A) | Calme, appels confidentiels. |
Open space | 45–55 dB(A) | Plateau traité ≈ 50 dB(A) vs non traité 60–65. |
Salle de réunion / visio | 30–40 dB(A) | Intelligibilité élevée, isolation renforcée. |
Cantine / détente | 50–60 dB(A) | Ambiance conviviale sans saturation. |
Circulations | isolement adapté | Limiter la propagation vers les bureaux. |
Valeurs indicatives (LAeq), à ajuster selon activités.
4) Leviers techniques prioritaires
- ①Absorption : plafonds classe A (αw ≥ 0,9) sur ≥ 90 % de surface, panneaux muraux, baffles.
- ②Réverbération : ≈ 0,5–0,6 s (bureaux/réunions) ; open space ≤ 0,8 s et 125 Hz ≤ 0,8 s.
- ③Isolation : Dn,T,A ≈ 35–45 dB entre bureaux, joints périphériques, suppression des ponts phoniques.
- ④Bruit de fond technique : CVC discret ≈ 35–40 dB(A), silencieux sur gaines, anti-vibratiles.
- ⑤Zonage & mobiliers : îlots focus vs collaboratifs, cloisonnettes, alcôves, phone-boxes.
5) Bonnes pratiques d’usage
- ●Charte “zones silence” & appels en espaces dédiés.
- ●Réunions informelles hors plateaux ; casque pour la visio.
- ●Masquage sonore si besoin (≈ 45 dB(A)) après traitements passifs.
Technique + usages = confort durable.
Besoin d’un diagnostic acoustique de vos bureaux ? JD Concept Aménagement pilote conception, travaux et mesures de réception.
Cadre réglementaire : Code du travail et seuils d’exposition
Le Code du travail vise d’abord la prévention des risques auditifs. Deux jalons clés structurent les obligations de l’employeur :
- un niveau d’exposition quotidienne sur 8 h à 80 dB(A) déclenche des actions de prévention ;
- au-delà de 85 dB(A), des protections individuelles, une information renforcée des salariés et des mesures techniques/organisationnelles s’imposent (transposition de la directive 2003/10/CE).

Un arrêté du 30 août 1990 impose en outre une correction acoustique des locaux de travail lors de la construction ou de la rénovation lorsqu’un dépassement des 85 dB(A) sur la journée est possible. Ces dispositions concernent surtout des environnements très bruyants (industrie, ateliers). Dans des bureaux tertiaires, on reste en-deçà de ces niveaux extrêmes ; pour autant, le Code ne fixe pas de seuils de confort applicables au quotidien. Autrement dit : il protège l’oreille, pas la concentration. D’où l’intérêt de s’appuyer sur des normes volontaires et des référentiels de bonne pratique pour viser un vrai confort d’usage.
Normes acoustiques applicables (NF et ISO)
Pour cadrer les objectifs et parler le même langage entre maîtrise d’ouvrage, architectes, acousticiens et entreprises de pose, nous nous appuyons sur les standards suivants :
NF S31-080 (2006) – “Bureaux et espaces associés”
Référence centrale pour le tertiaire, elle définit des critères de performance par type d’espace (bureaux individuels, open spaces, salles de réunion, zones de détente, circulations…) et trois niveaux de confort : Courant, Performant, Très performant. Elle fixe des objectifs en isolement, bruit de fond et temps de réverbération (TR), et sert de base pour contractualiser un niveau de qualité dans les cahiers des charges.

NF S31-199 (2016) – Bureaux ouverts
Complément dédiée aux open spaces. Elle introduit des indicateurs adaptés (par ex. isolement poste-à-poste) et recommande des limites de TR en fonction du volume, ainsi que le recours à des cloisonnettes acoustiques pour les grands plateaux et centres d’appels.
ISO 3382 (parties 2 et 3)
Standardise la mesure du TR dans les pièces ordinaires (ISO 3382-2) et définit des paramètres spécifiques aux espaces ouverts (ISO 3382-3 : atténuation spatiale de la parole, distance de distraction, intelligibilité…).
ISO 22955 (2021) – “Acoustic quality of open office spaces”
Référence internationale la plus récente pour l’open space. Elle adapte les objectifs à l’activité (téléphonie, concentration, collaboration, accueil) et introduit des descripteurs comme l’atténuation de la parole D_A,S (décroissance du niveau de voix avec la distance). Elle préconise notamment : TR global ≤ 0,5 s (moyenne 250 Hz–4 kHz) et TR à 125 Hz ≤ 0,8 s dans les espaces orientés concentration, afin de maîtriser aussi les basses fréquences (voix graves, souffles de ventilation).
À ces normes s’ajoutent des labels (HQE, WELL) qui intègrent des exigences acoustiques en s’appuyant sur les valeurs précédentes.
Niveaux sonores recommandés selon les espaces
Sans valeur légale de confort, les pratiques convergent vers des plages cibles qui équilibrent confidentialité, concentration et communication :
- Bureau fermé (individuel) : 35–45 dB(A). Un bruit de fond bas favorise la concentration et les appels confidentiels.
- Open space (plateau ouvert) : 45–55 dB(A) en activité normale (alors qu’un plateau non traité se situe souvent 60–65 dB(A) en continu). Viser ~50 dB(A) change radicalement la perception du brouhaha.
- Salle de réunion / visioconférence : 30–40 dB(A) de bruit de fond et isolation renforcée vis-à-vis des open spaces et circulations.
- Espaces de détente / cafétéria / cantine : 50–60 dB(A) pour préserver une ambiance conviviale sans saturation sonore.
- Zones de circulation (halls, couloirs) : pas de seuil universel, mais un objectif d’isolement suffisant pour que le passage n’irradie pas les zones de travail. La NF S31-080 admet en général un isolement ≈ 5 dB moindre que bureau-bureau, à compenser par des plafonds absorbants et des revêtements amortissants.
Ces valeurs sont des ordres de grandeur (niveau moyen LAeq sur une période représentative) à adapter à l’usage : un centre d’appels exigera des surfaces plus absorbantes et des séparations plus marquées qu’un plateau de designers.
Trois leviers clés : absorption, réverbération, isolation

1) Absorption acoustique
Objectif : diminuer l’énergie réfléchie pour abaisser le niveau de fond et assécher la pièce. On agit via des matériaux à coefficient d’absorption élevé (α mesuré selon ISO 354 / ISO 11654). Concrètement :
- Plafond : couvrir au moins 90 % de la surface en absorbant (idéalement α_w ≥ 0,9 – classe A). C’est l’action la plus efficace pour stabiliser l’acoustique d’un plateau.
- Murs : compléter avec des panneaux aux points de réflexion, derrière les postes proches des parois, et dans les axes de circulation visuelle/sonore.
- Mobilier acoustique : baffles suspendus, totems, tableaux acoustiques décoratifs pour cibler des zones de discussion.
- Sols : moquettes et sous-couches limitent surtout les bruits d’impact (pas, chaises), et participent à la sensation de calme.
2) Temps de réverbération (TR)
C’est le temps nécessaire pour que le niveau baisse de 60 dB après l’arrêt d’une source (mesuré selon ISO 3382-2).
- Bureaux et salles de réunion : viser un TR ≈ 0,5–0,6 s (bande centrale 500–1000 Hz) pour éviter l’effet “caverne”.
- Open spaces de grand volume : TR ≤ 0,8 s admis, mais l’ISO 22955 demande aussi de maîtriser 125 Hz (≤ 0,8 s) pour contenir le grave (voix masculines, ventilation).
Un TR court limite l’empilement d’énergies sonores, améliore l’intelligibilité à courte distance et rend le brouhaha lointain moins prégnant.
3) Isolation phonique (isolement)
Objectif : empêcher la transmission d’un local à l’autre. On caractérise l’isolement par Rw, Dn,T,A (entre locaux) ou DnT,A,tr / RA,tr (façades), en dB : plus la valeur est élevée, plus l’isolement est efficace.
- Bruits intérieurs : entre deux bureaux, viser Dn,T,A ≈ 35 dB (Courant) à 45 dB (Très performant) selon la confidentialité recherchée (NF S31-080). Vers un couloir, 30–40 dB peuvent suffire hors locaux sensibles. Étanchéité à l’air (portes à joints), continuité des cloisons (plénums et faux-planchers cloisonnés), et suppression des ponts phoniques sont déterminants.
- Bruits extérieurs : adapter l’isolation de façade (double/triple vitrage, châssis performants) au contexte (trafic, ferroviaire). En zone modérée, viser ≥ 30 dB(A) d’isolement global est un bon socle.
- Bruits d’équipements : CVC, ascenseurs, groupes froids… Fixer un bruit de fond technique discret (≈ 35–40 dB(A) dans les bureaux), installer silencieux sur gaines et désolidarisations antivibratiles.
Bonnes pratiques d’aménagement (retours de terrain)
En tant que maître d’œuvre d’aménagement, notre rôle est de traduire des objectifs normatifs en solutions cibles, chiffrées et installables. Notre méthodologie :
1. Traiter d’abord le plafond, puis compléter les parois
Un plafond absorbant continu sur la plus grande surface possible est la base. Nous complétons par des panneaux muraux judicieusement placés pour casser les réflexions latérales, et par des îlots suspendus au-dessus des lieux d’échanges. Les sols souples et la moquette réduisent l’agressivité des bruits d’impact et contribuent à la sensation de calme global.
2. Zoner les activités et maîtriser les interfaces
On évite de mitoyer zones calmes et zones bruyantes. Imprimantes, copieurs, espaces café et cantine sont écartés des plateaux de concentration. Dans l’open space, nous créons des îlots collaboratifs distincts des îlots “focus”, avec cloisonnettes ou parois vitrées selon la transparence recherchée. Entre une zone de concentration et une zone collaborative, viser ≈ 26 dB d’atténuation de la parole (ordre de grandeur ISO 22955) permet de préserver la quiétude.
3. Faire du mobilier un allié acoustique
Armoires pleines contre cloisons (masse + absorption), rideaux lourds ou stores acoustiques, plantes et éléments diffusants (reliefs, bibliothèques) pour briser les trajectoires directes : on combine absorption et diffusion pour un champ sonore plus homogène et moins intrusif. Les patins de chaises et les surfaces de roulement comptent aussi.
4. Contrôler les équipements techniques
Sélection d’unités CVC silencieuses (objectif NR ≤ 30 en bureaux), silencieux sur réseaux, localisation éloignée des machines bruyantes et désolidarisation des supports pour limiter la propagation solidienne. Les périphériques (imprimantes, copieurs) sont en alcôve fermée ou en local technique dédié.
5. Envisager le masquage sonore, avec parcimonie
Une fois l’absorption et l’isolement optimisés, le sound masking peut stabiliser un bruit de fond neutre autour de ≈ 45 dB(A) afin d’améliorer la confidentialité dans des espaces très calmes. C’est un complément, pas un substitut aux traitements passifs, et il doit être calibré par des spécialistes.
6. Accompagner les usages
Nous aidons nos clients à formaliser des règles d’usage simples : zones silence, appels en phone box ou salle dédiée, tenue des réunions informelles dans des espaces prévus à cet effet, casque pour la visio… La pédagogie fait partie de la réussite acoustique.
Focus acoustique par typologie d’espace
L’acoustique en open space
Priorité au plafond absorbant (α_w élevé) et à la structuration en îlots ; ajouter des cloisonnettes de hauteur suffisante et des panneaux muraux aux points durs (murs vitrés, axes longitudinaux). Viser 45–55 dB(A) en moyenne, TR global ≤ 0,5–0,7 s selon volume, avec TR125 Hz ≤ 0,8 s.
L’acoustique en bureau individuel
Objectif 35–45 dB(A), TR ≈ 0,5–0,6 s. Soigner l’isolation de porte, l’étanchéité et les traversées (prises, plinthes techniques) pour atteindre Dn,T,A ≈ 35–45 dB selon le niveau de confidentialité visé.
Salle de réunion / visioconférence
Faible bruit de fond (30–40 dB(A)), TR court (≈ 0,5 s), isolation renforcée vis-à-vis des circulations et open spaces. Traitements absorbants derrière les interlocuteurs et en plafond, correction latérale pour limiter les réflexions précoces et optimiser la captation micro.
Cantine / espace de détente
Limiter l’effet cantine (sur-réverbération) avec un plafond classe A et des panneaux muraux en face à face. Garder 50–60 dB(A) en service, TR adapté au volume pour éviter le brouhaha cumulatif.
Circulations / halls
Réduire la propagation vers les zones de travail : plafond absorbant, sol amortissant, sas et joints périphériques aux portes. Isolement vise souvent ~5 dB de moins que bureau-bureau, à équilibrer par les traitements passifs.
Ce que nous faisons concrètement pour vous
En phase conception, nous cadrons des objectifs mesurables (TR par bande d’octave, Dn,T,A par séparation, bruit de fond CVC) cohérents avec l’usage et les niveaux de performance (Courant/Performant/Très performant) visés par la NF S31-080 et, pour l’open space, par NF S31-199 / ISO 22955. En phase travaux, nous orchestrons les lots cloisons/plafonds, menuiseries, CVC et électricité pour garantir l’étanchéité, la continuité et l’absence de ponts phoniques. À la réception, nous vérifions les performances (mesures ISO 3382 pour le TR, contrôles d’isolement et de bruit de fond) afin d’objectiver le résultat.
La réglementation française protège des risques auditifs (80/85 dB(A)), mais ne prescrit pas le confort nécessaire au travail de bureau. Ce sont les normes volontaires (NF S31-080, NF S31-199, ISO 3382, ISO 22955) qui fournissent le langage commun et les cibles chiffrées pour concevoir des espaces vraiment agréables : niveaux de bruit maîtrisés, réverbération contenue, isolement adapté aux usages. Avec une stratégie d’absorption pertinente, une organisation spatiale intelligente, des équipements techniques silencieux et un accompagnement des usages, on obtient des bureaux plus sereins : collaborateurs moins fatigués, plus concentrés, échanges facilité et confidentialité préservée.
Chez JD Concept Aménagement, nous portons ces objectifs de bout en bout : du diagnostic à la réception, un interlocuteur unique pilote la qualité acoustique de votre projet. Vous souhaitez élever le confort sonore de vos espaces ? Parlons-en, nous vous proposerons un plan d’action aligné sur vos contraintes, vos délais et vos ambitions.
Sources (références de travail) : NF S31-080 (2006), NF S31-199 (2016), ISO 3382 (parties 2 & 3), ISO 22955 (2021), Code du travail (R.4431-1 à R.4437-4), guides et publications d’organismes spécialisés (INRS, CidB, etc.).